lundi 21 janvier 2019

Le film du cours de cinéma : Sami,une jeunesse en Laponie d'Amanda de Kernel





Pour illustrer et conclure cette série de 6 cours 
Sami, une jeunesse en Laponie d’Amanda Kernell



2017 • 1h50 • Suède, Norvège, Danemark

avec Lene Cecilia Sparrok, Mia Erika Sparrok, Maj Doris Rimpi

Elle Marja, 14 ans, est une jeune fille d'origine Sami. Elève en internat, exposée au racisme des années 1930 et à l'humiliation des évaluations ethniques, elle commence à rêver d'une autre vie. Pour s'émanciper et affirmer ce qu'elle souhaite devenir, elle n'a d'autres choix que rompre tous les liens avec sa famille et sa culture.

Après six séances sur le cinéma des pays du Nord de l’Europe comment ne pas s’interroger sur l’absence à l’écran de la population autochtone Samie ? La Laponie est pourtant une vaste région transnationale s’étendant sur 4 pays et environ 400 000 km2.
Quelle chance alors de pouvoir découvrir ce très beau premier film d’Amanda Kernell ! Un long métrage qui lève le voile sur une partie sombre de l’histoire de la Suède et qui marque encore aujourd’hui le quotidien des Samis. Ne se contentant pas des paysages magnifiques qui enchantent cependant le spectateur, la jeune cinéaste réalise le portrait sensible d’une femme obstinée et parfois désemparée. Amanda Kernell a mené un long et minutieux travail de documentation pour nous conter cette histoire inventée à partir de nombreux événements vécus et qui l’ont marquée.
Il n’est donc pas étonnant que Sami, une jeunesse en Laponie ait fait le tour du monde… Sélectionné dans plusieurs festivals et ovationné par le public il a obtenu de nombreuses récompenses dont le Prix de la meilleure réalisatrice pour un premier film à la Mostra de Venise en 2016.
Céline Soulodre
« Longtemps, pour les Suédois, les Samis, ces éleveurs de rennes du Grand Nord, ont été des moins que rien, des Lapons au sens propre, c'est-à-dire des "porteurs de haillons". Leurs coutumes, leurs costumes, leurs chants traditionnels – les "joiks" – faisaient rire et jaser les gens "civilisés" de la ville, certains allant jusqu'à prendre, comme si c'étaient des animaux sauvages, leurs mesures anthropométriques. 
Le parti pris d'Amanda Kernell, fille d'une Suédoise et d'un Sami, est osé : faire le portrait d'une vieille dame ayant renié, adolescente, ses origines lapones, qui lui valaient quolibets et humiliations, pour tenter d'épouser la bonne société d'Uppsala. D'Elle Marja, elle est devenue Christina (les deux comédiennes qui l'incarnent sont remarquables). […]
Il est étonnant qu'il ait fallu si longtemps pour que cette histoire bouleversante soit enfin racontée et filmée. Bien filmée, en plus.»

Jérôme Garcin – L’Obs